Résumés
le 11 Février à 16h20 Conférencier : Raphaël Zagury-Orly.
De l'aveuglement transcendantal La lumière – synonyme de la vérité s’il en est un –, nous le savons au moins depuis Platon, aveugle. Or cet aveuglement aura toujours, depuis que la pensée œuvre à éclairer l’être et à se dire en connaissance, structuré l’histoire de la philosophie. L’on pourrait même dire que cette histoire se sera instituée en situant au cœur de son coup d’envoi un aveuglement dont la ressource aura été non point de rendre malvoyant, mais précisément de transformer le regard afin qu’il s’écarte de l’image évanescente pour n’y voir que la réalité stable et durable du vrai. En ce sens, l’aveuglement aura eu pour tâche singulière de métamorphoser l’opinion obscure et ténébreuse en vision claire et distincte. Or nous connaissons le mythe qui aura ici servit à Platon : les prisonniers de la caverne ne voient que des ombres, mais avant de savoir que l’ombre est une ombre, avant de voir vraiment donc, l’un d’entre eux, le philosophe, en s’extirpant du fond sombre de l’emprisonnement et de la fausseté, aura été aveuglé par la resplendissante lumière du vrai. Ainsi, riche de cet aveuglement, le philosophe peut alors voir, et donc revoir les images en sachant ce qu’elles sont, c’est-à-dire en sachant qu’il ne contemple que l’image. Comment donc repenser ce mythe qui aura orienté toute l’histoire de la philosophie entendue comme une histoire de la vision capable de distinguer entre vérité et image. C’est-à-dire, comment questionner et requestionner cette structure dont l’essence consiste à transformer l’aveuglement en vision ? Posons ainsi la question radicale : qu’est-ce qui aura été laissé dans l’ombre tout au long de cette histoire ? Y aurait-il ou pourrait-il y avoir un tout autre rapport à la lumière que celui qui depuis toujours nous rapporte à la lumière du vrai ? Y aurait-il une autre « perspective », ou encore, un « autre transcendantal » que celui dont l’essence aura été de définir le rapport entre la lumière, le vrai, et l’obscur, le faux ? Une autre perspective ou un autre transcendantal orienté tout autrement que par le jeu dialectique de la lumière et de l’obscur, de l’aveuglement et de la vision, et qui porterait vers une performativité inédite où ne cesserait de revenir l’invisible, voire, l’imprévisible ?
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