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Présentation
Lumières des Lumière
La physique moderne nous l'a appris : la lumière, c'est de la matière. Tout corps, vivant ou inerte, n'est visible que parce qu'il émet des particules appelées photons. Mais, à l'opposé de cette matérialité de la lumière, il y a son immatérialité : les images des projections lumineuses semblent dépourvues de support physique si un écran ne les intercepte pas pour les rendre visibles. La question de la lumière est à la fois au centre de sciences comme l'astrophysique, et au centre de disciplines artistiques comme la peinture, la photographie, le cinéma, les installations, les arts de la scène. La lumière éclaire aussi bien le théâtre de l'univers que le théâtre humain. Notre propos – en souriant de la prétention d'une telle formule – est de « faire la lumière sur la lumière » et, en tout cas, de croiser les lumières des spécialistes de diverses disciplines et cultures, en trois temps associant trois institutions : l'Université du Québec à Montréal, Ryerson University à Toronto et Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Lille. Au Fresnoy, en février 2011, nous serons en quelque sorte dans la lumière des Lumière, ces deux frères à qui on attribue l'invention du cinéma, un art dont les images – et celles qui en dérivent aujourd'hui, sur des supports et avec des techniques électroniques – nous éclairent depuis plus d'un siècle, mais sans ignorer ce qu'elles-mêmes doivent à la peinture et à la photographie, par exemple. Images lumineuses et lumière des images. Technique et esthétique. Réalité physique et perception. À Montréal, en 2013, il s'agira de traiter les relations entre lumière et espace urbain : « Les lumières de la ville » interpellent des disciplines et des pratiques relevant de la sociologie, de l'urbanisme et de l'architecture avec le défi que posent les façades-média et les lieux de plus en plus nombreux de performance prenant le matériel urbain comme scène de projection et d'animation. Lumière émise par la ville et lumière qui l'éclaire. La ville comme théâtre d'ombres et de lumières. A Toronto enfin, en 2015, la lumière sera envisagée dans ses relations à la spiritualité, aux religions, aux croyances, à l'ésotérisme. Toutes les cosmologies débutent par la création de la lumière émergeant de la nuit. Il sera question de la lumière des spectres, des fantômes, des revenants aussi bien que celle des apparitions, des illuminations, des révélations dans les récits et les représentations. Une phénoménologie et une métaphysique de la lumière s'articuleront à des considérations anthropologiques et artistiques. Pour chaque session, nous proposons de faire appel à des scientifiques, à des théoriciens, à des philosophes, à des techniciens, à des créateurs et artistes de toutes disciplines.
Alain FLEISCHER - Le Fresnoy - Studio national à Lille
Avril 2010
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